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avril 16, 2025Extrait d’un article de La Revue d’Histoire Européenne de février-mars 2025, intitulé « 20 août 1955 en Algérie, le jour où le djihâd est déclaré ». Par l’historien Roger Vétillard dont on recommande les livres.
« La guerre d’Algérie débute le 1er novembre 1954
Lors du déclenchement de l’insurrection, le FLN organise le territoire algérien en 6 Zones (qui deviendront des Willayas en 1956). Le nord-constantinois (Zone 2), est une région délimitée au sud par la ville de Constantine, au nord par la Méditerranée, à l’ouest par la ville de Djidjelli et à l’est par les villes de Bône (Annaba) et Guelma. Philippeville (Skikda) se situe au bord de la mer à distance égale de Djidjelli et de Bône, a une superficie de 17 000m2 soit l’équivalent de 3 départements français.

Zighoud Youcef, chef militaire de cette zone, est un musulman fervent qui est accompagné par un imâm qui récite prières et versets du Coran au début de chaque réunion. Les hommes placés sous son commandement sont des moudjahidins (combattants du Djihâd) et sont récompensés par l’attribution d’un Coran (Mus’hâf).
Le 1er novembre 1954, le FLN annonce qu’il lance une insurrection pour obtenir l’indépendance du pays. Ce jour-là, il y eut en divers points du territoire algérien une soixantaine d’exactions symboliques ou violentes, mais l’annonce n’entraine pas l’adhésion des masses populaires. Dans les régions montagneuses, en Kabylie et dans les Aurès, où vivent les populations berbères, ont lieu les principaux faits d’armes. Dans les Aurès l’armée française met les rebelles en difficultés. L’ouest algérien et la région d’Alger sont calmes. Le nord-constantinois est plus actif, mais Zighoud est isolé, il ne reçoit aucune directive, ne possède que peu d’armes et moins de 200 combattants. Les musulmans des villes restent éloignés de cette « révolution » qui ne les inspirent pas, ceux du bled sont passifs.
Zighoud décide de frapper un grand coup pour « sauver la révolution ». Il organise une opération pour compromettre la population musulmane, récupérer des armes, des médicaments et du matériel, punir « les traîtres » c’est à dire les autochtones francophiles, s’attaquer aux « colons » et aux bâtiments officiels. Des émissaires parcourent les mechtas, les douars, pour mobiliser les civils, leur demander de rassembler des armes et d’être prêts pour le samedi 20 août. Le jour et l’heure ne sont pas choisis par hasard : le 20 août 1955 est le 1er jour de l’année 1375 de l’Hégire (calendrier musulman) et midi l’heure où l’insurrection permet aux civils musulmans embrigadés d’être exposés à la vue de tous.
Le Djihâd est annoncé par un muezzin depuis le minaret des mosquées. Ce jour est aussi l’anniversaire de la déposition du sultan du Maroc par l’administration française d’où la concomitance d’évènements similaires survenus à Oued Zem.
Dans chaque localité des groupes d’hommes armés encadrent des civils lancés à l’assaut des Européens. A la mine d’El-Halia, 37 Français, dont 10 enfants (certains de moins de 3 ans) et des femmes sont tués. A Ain Abid, 9 Européens sont massacrés dont un vieillard hémiplégique et un bébé de quelques jours et à Saint-Charles situé à 16 km de Philippeville, il y a 13 morts dont 3 enfants.

Philippeville (70400 habitants) est envahie par des centaines d’insurgés encadrés par des moudjahidines. Les forces de l’ordre alertées par les services de renseignement les attendent et l’assaut est stoppé en quelques heures. Il y aura parmi les assaillants 134 morts et 700 arrestations. Les rapports officiels indiquent que 14 membres des forces de l’ordre ont été tués et on compte 8 tués et 11 blessés sur le territoire de la commune de Philippeville (hors El Halia).
A Constantine, les insurgés tuent le pharmacien Alloua Abbas, neveu de Ferhat Abbas le leader indépendantiste, blessent Chérif Hadj Said, avocat, élu à l’Assemblée algérienne, jettent un engin explosif dans un bar du quartier juif et accrochent au minaret de la grande mosquée le drapeau du FLN.
Collo (40 kilomètres à l’ouest de Philippeville) est occupée pendant une heure par 150 hommes. Ils tuent 4 membres des forces de l’ordre, 6 Européens. Certaines localités, telles que Guelma ou Milia, ne se soulèveront que le lendemain.
Au total, 47 localités connaissent des troubles. Le bilan humain s’établit à 119 morts européens, 48 parmi les forces de l’ordre et au moins 42 musulmans francophiles. Chez les assaillants les pertes sont évaluées à plus d’un millier de morts et plusieurs centaines de blessés.
La répression est sévère. A la chasse au « faciès européen » des 20 et 21 août succède une chasse aux insurgés menée par l’armée et, notamment à Philippeville et ses alentours et à Ain Abid, par des groupes de civils érigés en justiciers. Des mechtas sont rasées sur ordre de Jacques Soustelle, le gouverneur général. Pour Soustelle, bouleversé par le spectacle des morts et des blessés, il n’y a plus d’alternative : « c’est la guerre, il faut la faire ! ». les négociations entamées avec les indépendantistes sont interrompues. (…) Lire la suite dans le dossier de la Revue d’Histoire Européenne numéro 22 mars-avril 2025.
En complément, rappelons que le massacre de civils européens fut une doctrine terroriste revendiquée par le chef de l’ALN , (Armée de Libération Nationale du FLN) Krim Belkacem en 1959 :
« L’armée a besoin d’hommes qui aient fait leurs preuves. Une nouvelle recrue, avant d’être qualifiée pour servir dans l’armée, doit assassiner au moins un colon et un traitre reconnu. Un assassinat marque la fin d’une période d’essai pour chaque candidat à l’Armée de libération nationale » (cité par Philippe Tripier, Autospie de la guerre d’Algérie, France Empire, 1972).
En ville, le FLN pratiqua le terrorisme aveugle : dans les cafés, les stades, les autobus ou les cinémas, il pose des bombes. Le 30 septembre, à Alger, on relève 60 blessés ; le 26 janvier 1957, 9 morts et 45 blessés ; le 3 juin 1957, 8 morts et 90 blessés ; le 9 juin 1957, 9 morts et 80 blessés. Chaque fois, traumatisés, mutilés ou déchiquetés, des innocents sont frappés. Pour le seul mois de décembre 1956, on compte 122 attentats à Alger.
Voici quelques unes des pires atrocités commises par les terroristes musulmans du FLN :
– Massacre de la famille Mello à Ain Abid, dont une enfant de 5 jours coupées en deux et introduite dans le ventre de sa mère éviscérée, 20 août 1955.
– Attaque d’une ferme à El-Hadjar, la famille Heffner dont les enfants âgés de 27, 20 et 15 ans, est égorgée et mutilée, 1erjanvier 1956.
– Massacre au col de Deux Bassins ou embuscade dite de Sakamody, sur la route d’Alger à Bir-Rabalou, un car et deux voitures sont mitraillés, 7 civils dont un couple et une fillette de sept ans sont assassinés, 24 février 1956.
– Assassinat de 3 musulmans à l’Arba, les tortionnaires ont commencé par leur couper les paupières, le nez et les lèvres, avant de les achever tandis qu’un troisième était égorgé devant sa famille, 27 février 1956.
– Massacre dans le village de Palestro, 8 mars 1956. Deux familles massacrées dont trois enfants.
– Attaque du SAS de Sidi Djillali, le médecin est torturé au fer rouge, avec un liquide bouillant puis égorgé, nuit du 28 au 29 mars 1956.
– Nuit rouge de la Soummam, entre 490 et plus de 1200 villageois, dont des enfants, du village de Tifraten, torturés et égorgés, avril 1956.
– Massacre en Oranie dans la plaine d’Aïn Temouchent, les rebelles attaquent une cinquantaine de fermes et massacrent soixante personnes, européens et musulmans confondus, 7 mai 1956.
– Deux musulmans du douar Zenata sont décapités avec une houe après avoir eu la verge sectionnée et enfoncée dans la bouche, 27 mai 1956.
– Attentats PC et FLN : trois bombes explosent à la gare d’Hussein-Dey Maison Carrée, notamment dans un trolleybus rempli d’enfants, 12 novembre 1956.
– Massacre de l’école d’Aïn Seynour dans la région de Souk Ahras, 57 petits garçons et filles égorgées, la maîtresse nue clouée sur la porte les seins coupés.
– Attentat au stade d’Alger et au stade d’El-Biar, 10 février 1957- 11 morts dont 3 enfants et 50 blessés.
– 15 indépendantistes massacres au couteau la famille Barral et leurs trois enfants de 20, 16 et 12 ans dans leur ferme située à 9 km de Sétif, la fille de 12 ans fut violée, 11 mai 1957.
– Tueries dans les villages d’Aïn-Manaa (27 tués, 20 blessés) et Wagram (8 tués, 4 blessés), 30 mai 1957.
– Massacre de Melouza (338 morts) village musulman soupçonné d’être favorable au MNA. Mai-Juin 1957.
– Tuerie de Honaïne, dans l’Ouest Oranais, à l’encontre des populations musulmanes suspectées de vouloir répondre favorablement au référendum, 25 morts, été 1958.
– Massacre de Rosette Ortega, gardienne du stade de la Marsa, et ses deux enfants, 1er mars 1962.
– Massacre d’Oran, juillet 1962. Trois mois et demi après la signature des accords d’Evian, deux jours après la reconnaissance officielle de l’indépendance. Les estimations du nombre de victimes du massacre sont incertaines et vont de 95 tués (dont 20 pieds-noirs et 75 musulmans) à près de 353 Européens morts et disparus et une centaine de musulmans morts et disparus.
Cette liste n’est qu’un court extrait de la litanie d’horreurs qui ponctuèrent la guerre d’Algérie. Pour plus d’informations on se reportera utilement à l’ouvrage La Grande Honte de René Rostagny qui recense en plus de 500 pages l’intégralités des exactions du FLN. Ou encore Aspects véritables de la rebellions algérienne issus d’un dossier du ministère de l’Algérie axé sur les photos et documents.